Prix public : 12,50 €
Film unique, Sierra de Teruel rejaillit comme un cri – celui d’un homme qu’on étrangle dans son cachot. Aurait-il eu le temps de dessiner sur ses murs sombres, avec la craie abandonnée par son devancier maintenant fusillé, de raconter ce qu’il a vu, vécu ou recueilli d’autres combattants qui comme lui se cabrent, mais c’en est trop pour ceux qui le surveillent, qu’il eût imaginé les formes surtendues et démanchées de l’unique film d’André Malraux. Inachevé, affligé, concassé par l’Histoire. Délaissé. Âpre. Affecté d’une profonde mélancolie. L’auteur de L’Espoir (1937) bat en retraite quand les troupes franquistes entrent dans Barcelone (janvier 1939) où il arrachait ses prises de vues aux bras d’un destin qui l’engloutit et qu’il repoussait de toutes ses forces. Sierra de Teruel rassemble des « éboulis » entremêlés, vrais ou imaginaires, d’avant une narration possible. Or impossible. Sierra de Teruel, plus secrètement, mémorise l’orientation de Malraux frappant d’autres monnaies, plus absolues. La création artistique. Voix du silence.