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Le Fils de Saul de László Nemes est venu récemment ranimer la question de la représentation cinématographique du génocide juif. C'est ainsi que le film de Steven Spielberg, La Liste de Schindler, s'est de nouveau retrouvé au cœur de tous les débats. Le constat est accablant : plus de vingt ans après sa sortie, celui-ci pâtit toujours de la polémique qu'il a provoquée et se trouve aujourd'hui réduit à quelques lieux communs qui semblent empêcher toute réévaluation critique.
Or La Liste de Schindler est une oeuvre complexe, foisonnante, hybride - parfois malhabile, toujours passionnante. Elle est surtout une déclaration de foi en faveur d'une certaine forme de cinéma : un cinéma fictionnel, narratif, figuratif, en un mot classique. Forme largement dominante certes, mais dont Spielberg prouve avec ce film l'incroyable richesse sémantique - pour peu que l'on sache lire et déchiffrer ce qui nous est donné à voir.
« J'aime beaucoup Steven Spielberg et ses films mais, quand il a réalisé La Liste de Schindler, il n'a pas suffisamment réfléchi à ce qu'étaient le cinéma et la Shoah, et comment les combiner » , aurait déclaré le réalisateur de Shoah, Claude Lanzmann.
Ce livre souhaiterait précisément démontrer le contraire.
Docteur en Cinéma, Nicolas Livecchi a consacré l'essentiel de ses recherches à l'œuvre de Steven Spielberg et son influence sur le cinéma contemporain. Il est l'auteur de l'ouvrage de référence L'Enfant acteur (De François Truffaut à Steven Spielberg et Jacques Doillon) publié en 2012 aux Impressions Nouvelles.