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Entre sacrilège et justice royale : l'affaire du chevalier de La Barre, une étincelle dans la poudrière de la Révolution. Le 1er juillet 1766, sur la grande place du Marché à Abbeville, un jeune homme de vingt ans, François Jean Lefebvre, chevalier de La Barre, est décapité par le bourreau Sanson, qui, plus tard, le 21 janvier 1793, exécutera Louis XVI. Quel crime a commis ce chevalier de La Barre qu'on a torturé avant de le conduire à l'échafaud ? On l'accuse de ne pas s'être découvert devant une procession du Saint Sacrement et d'avoir chanté quelques refrains paillards ! Cela suffit-il à expliquer cette condamnation à mort qui révolte Voltaire, Diderot et tout ce que la France et l'Europe comptent de gens éclairés ? Comment comprendre ce procès, cette affaire dont on a pu dire que «seul Kafka aurait pu l'imaginer ou la décrire» ? Que se cache-t-il derrière ce jugement d'un noble, apparenté aux plus grandes familles parlementaires, dans cette France de Louis XV où paraissent l'Encyclopédie et les livres de Diderot et Helvétius, quand on sait que le Dictionnaire philosophique de Voltaire est brûlé en même temps que le corps du chevalier de La Barre ? Max Gallo a retrouvé tous les éléments de l'affaire et il suit pas à pas l'enquête, le procès, raconte l'exécution. Et surtout il dévoile, de cette manière, toute une société, un système politique et judiciaire dont la clé de voûte est le Roi de droit divin. Ainsi s'éclairent, à travers un cas précis, les réalités de l'Ancien Régime. Par le simple récit des faits, indiscutables, on comprendra mieux les origines profondes de la Révolution française et le sens concret, pour les hommes de 89, de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Voltaire essaya vainement d'obtenir la réhabilitation du chevalier de La Barre. C'est la Convention, en 1794, qui la décrétera.