Prix public : 8,00 €
Enfant, dès que le soleil se montrait enfin, je vivais nue dans mon jardin. Parfois je portais une culotte parfois rien. Personne ne m’a jamais demandé d’aller me rhabiller. J’avais le droit d’exister. Je jouais ainsi des étés entiers, sans qu’aucun désir ne vienne jamais se poser sur ma peau. Sans traquer le reflet le défaut. Sans chercher à préserver à séduire à cacher. Je parlais aux animaux. J’avais le droit d’exister. À pleines dents croquer la pomme. Courir pieds nus dans les graviers sans jamais chercher à plaire à personne. J’avais le droit d’exister. En me moquant d’être fille ou garçon. Mon corps n’était pas une question : il me servait à manger des glaces, à grimper aux arbres, avant. Avant les religions barbares. Avant les jugements et la pudeur obligatoire. Avant les exigences imposées par d’autres regards. J’ai eu le droit d’exister.