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De retour de Saint-Domingue, le général Kerversau déclarait dans un rapport très officiel au ministre de la Marine : "C'est à la République à examiner si après avoir donné des lois à tous les monarques de l'Europe, il convient à sa dignité d'en recevoir dans une de ses colonies d'un nègre révolté..." Il fut entendu. Et la réponse du premier Consul à la Constitution de 1801 de Toussaint Louverture fut, on le sait, l'expédition militaire dont le premier Consul confia le commandement à son propre beau-frère, le général Leclerc. On connaît la suite : l'aventure se termina par un retentissant échec dont les rescapés et avec eux ce qui restait de colons français dans l'île trouvèrent pour la plupart à Cuba, la terre la plus proche, un asile obligé tandis que Saint-Domingue français devenait Haïti. A la Guadeloupe, dans le même temps, la sédition d'officiers indigènes longtemps écartés du pouvoir par les agents métropolitains allait susciter l'envoi d'un corps expéditionnaire aux ordres du général Richepance. L'affaire prit là une tout autre tournure. Dès le 22 mai 1802 est promulgué l'arrêté rétablissant l'esclavage alors que résonnait encore l'émouvante proclamation de Delgrès, l'ultime combattant : "C'est dans les plus beaux jours d'un siècle à jamais célèbre par le triomphe des Lumières et de la philosophie qu'une classe d'infortunés que l'on veut anéantir se voit obligée d'élever la voix vers la postérité pour faire connaître lorsqu'elle aura disparu son innocence et ses malheurs." Sous le titre Mourir pour les Antilles, cette nouvelle livraison du Centre d'Etudes et de Recherches Caraïbéennes, consacrée à l'alternative "indépendance nègre "ou" rétablissement de l'esclavage" à laquelle furent confrontées en 1802 les colonies restées françaises au cours de la grande commotion révolutionnaire, fait suite bien évidemment à l'ouvrage De la Révolution française aux révolutions créoles et nègres paru en 1989 aux mêmes presses.