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<html><head></head><body><p style="margin-top: 0"> Comme plus tôt la collégiale d'Écouis, le couvent des célestins de Marcoussis est le témoin d'une grandeur fugitive. En est la cause le triste destin d'un homme trop vite monté et très vite descendu sur l'échelle des promotions sociales. Fils et petit-fils de notaires et secrétaires du roi, Jean de Montaigu est de ces conseillers dont Charles V sait s'entourer, de ces hommes de confiance qu'emploie pendant la minorité de Charles VI le gouvernement des ducs ses oncles, de ces «Marmousets7; que Charles VI place dans les principales fonctions du pouvoir quand en 1388 il remercie ses oncles. Comme d'autres, il en profite pour constituer une énorme fortune, et la fondation de Marcoussis s'inscrit naturellement dans les manifestations de cette fortune. Mais la fortune engendre les haines. Grand maître de l'Hôtel, capitaine de la Bastille puis capitaine de Paris, Montaigu ne peut éviter de se ranger dans l'un des camps qui s'affrontent alors. Fidèle d'Orléans, il sera l'une des premières victimes du retour au pouvoir du duc de Bourgogne. D'abord décapité, il est pendu à Montfaucon en octobre 1409. Marcoussis aurait pu être la nécropole d’un grand lignage. Ce ne sera que la tombe d'une victime de la guerre civile. Même si la découverte de l'obituaire de Marcoussis à la Bibliothèque de Munich est le fait du hasard, elle est aussi le fruit d'une longue et scrupuleuse attention de M. Jean-Loup Lemaitre à ces textes dans lesquels l'historien discerne le reflet complexe de l'histoire et des intérêts spirituels ou temporels de l'établissement. Il convient, tout d'abord, de l'en féliciter. Et l'on doit se réjouir de voir aujourd'hui publié un obituaire dont le caractère tardif implique une sédimentation des obligations et des dévotions. Avant de retracer les grandes lignes de cette histoire qui ne serait qu'une anecdote si elle n'était décisive pour le couvent de Marcoussis, M. Lemaitre montre bien, et on ne peut que l'en remercier, ce qu'a été dans la France du XIVe siècle l'émergence de l'ordre des célestins, dont on sait à quel point la maison parisienne a été favorisée par les Valois, surtout par les Orléans, en peine de se doter d'une nécropole pour n'être pas débiteurs d'une place médiocre à Saint-Denis. Il en résulte que l'obituaire n'est pas celui de n'importe quelle fondation pieuse. À l'arrière-plan de sa composition, il y a des ambitions et un destin brisé. Mais il faut remarquer qu'en 1539 la maison est assez forte et assez fière de son histoire pour se doter de ce Livre du chapitre dont le propos dépasse largement celui des simples obituaires que tenaient les autres couvents de célestins. Le calendrier, le martyrologe et le rituel de profession en sont assez originaux pour que l'éditeur en procure une analyse fine, qui met en évidence, sauf dans le rituel, le particularisme des célestins, notamment dans les emprunts à l'Italie et la médiocrité des emprunts aux usages de Paris et de l'Île-de-France. L'obituaire copié au XVIe siècle a été complété jusqu'au suivant par les obits que la piété des fidèles avait continué de fonder. On se félicite des notices biographiques et généalogiques par lesquelles M. Lemaitre éclaire les mentions succinctes qui sont de règle dans les textes de la sorte.</p></body></html>