Prix public : 14,50 €
Avec vingt-six dessins et quatre tableaux, Prud’hon est un des artistes les mieux représentés au musée Condé. Cet ensemble, donné en 1886 par Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), à l’Institut de France avec son château de Chantilly, est l’un des plus importants avec ceux du Louvre et du musée des Beaux-Arts de Dijon. Il provient pour l’essentiel des collections du marquis Maison (douze dessins et deux tableaux achetés en 1868) et du comte Dejean (un tableau et treize dessins acquis en 1881). Les dessins sont pour la plupart des études aux crayons noir et blanc sur papier bleu. Ils couvrent toute la carrière de Prud’hon, depuis l’époque révolutionnaire : L’Union de l’Amour et de l’Amitié est une étude pour le tableau exposé au Salon de 1793, que Prud’hon avait conçu comme morceau d’agrément à l’Académie royale, supprimée cette même année. Le dessin de La Tyrannie, présenté au concours de l’an II (1794) est un rare exemple des allégories révolutionnaires de Prud’hon, qui célébra la paix de Lunéville dans Le Triomphe de Bonaparte ou La Paix, exposé au Salon de 1801. Une dizaine de feuilles de la plus haute qualité illustrent le décor peint par Prud’hon entre 1798 et 1801 à l’hôtel du financier de Lannoy, dans le quartier de la Chaussée d’Antin : les figures de la Richesse, des Arts et de la Philosophie, comme les frises des Quatre Saisons, préparent les peintures aujourd’hui au Louvre, tandis que Clotho et Lachésis reprennent, pour devenir le sujet d’estampes, deux des trois Parques issues de ce décor. C’est de 1804 que date le premier dessin d’ensemble pour La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, ce tableau nocturne d’un sentiment tout romantique (Louvre) qui consacrera l’artiste au Salon de 1808. Les liens entre Prud’hon et sa compagne Constance Mayer sont représentés par un dessin, L’Innocence préfère l’Amour à la Richesse, et deux esquisses à l’huile, Vénus et l’Amour endormis et Le Flambeau de Vénus, qu’elle peignit en grand format et exposa respectivement aux Salons de 1804, 1806 et 1808. Ces dessins, trop longtemps exposés à la lumière dans le passé, et dont le papier bleu, insolé, s’est décoloré et a bruni, ont été restaurés en vue de l’exposition Prud’hon à Chantilly en 1997, complétant l’importante rétrospective du Grand Palais. Ils sont montrés pour la première fois depuis cette date.