Prix public : 24,00 €
Au 18e siècle comme dès l'origine de leur Compagnie, les jésuites français accordent une place considérable à l'« image », ce que justifient leur théologie et leur anthropologie. Ils théorisent sa nature et ses utilisations, y recourent abondamment dans leurs productions littéraires et ethnographiques, l'incarnent dans les représentations théâtrales qu'ils proposent régulièrement à un vaste public sur les tréteaux de leurs collèges disséminés sur tout le territoire national: toiles « chinoises » d'Attiret ou de Castiglione, gravures insérées dans les textes de Lafitau, de Du Halde ou de Charlevoix consacrés aux sociétés d'Amérique, de Chine, de Nouvelle France ou des Indes, images rhétoriques requises par le théoricien Buffier ou mises en œuvre dans l'écriture de l'érudit poète Brumoy ou du fabuliste Desbillons, images animées offertes par la mise en scène des oeuvres du dramaturge Porée et ballets orchestrés par des danseurs de l'Opéra comme Blondy, spectacles qui puisent tous deux fréquemment leurs sujets dans le passé et l'histoire. Ce constat prend tout son sens à une époque qui, sensible à l'empirisme, a fait de l'image un important sujet de réflexion épistémologique et esthétique – en témoigne la naissance de la critique d'art sous la plume de Diderot. Étudier la production littéraire et idéologique de ce siècle implique nécessairement la prise en compte de tous les paramètres qui la commandent ou l'éclairent. Dans cette perspective, la composante religieuse de la société française au 18e siècle, est essentielle: cet ouvrage met en lumière le poids de la culture jésuite sur les mentalités de l'époque des Lumières.