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L'affirmation du corps « naturel » est sensible dès les premiers textes de Jean Giono : cela va d'un goût marqué pour la nudité et le déshabillage jusqu'à la présentation souvent péjorative de l'usage des cosmétiques, en passant par l'éloge du détachement quant à la tenue vestimentaire. Les corps des personnages – au moins jusqu'à la charnière des années quarante – dans leur sensualité, leur intensité, leur vérité, paraissent compter davantage que les habits et parures qui relèvent au mieux du détail symbolique ou social, au pire de la dénégation et de la tromperie. Pourtant certains s'entichent d'un caban ou d'une jupe à crinoline, de gants de suède ou de vestes en peau de mouton, et l'on parle amoureusement de bottes, de redingotes, d'uniformes et autres moyens de paraître au mieux ou d'être mieux, c'est-à-dire en accord avec soi-même et avec l'univers. Il faut donc aller au-delà des oppositions trop simples chez un auteur qui se plaît à déplacer les perspectives en multipliant les jeux de jonction et de disjonction entre le corps et ses habillages. Cette étude collective des effets de toilette dans l'œuvre de Giono s'emploie à montrer les enjeux d'une poétique des apparitions et disparitions du corps.