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Étonnants Cahiers noirs, témoignage de tous les combats du socialisme unifié d'avant 1920, qui nous livrent également les curiosités d'un esprit sans frontières, les tourments du corps et du sexe, la " merveillosité " du rêve... Député de Montmartre, Marcel Sembat (1862-1922), on l'a trop oublié, fut un journaliste et un orateur hors de pair, militant de toutes les libertés. Paradoxe, 1914 devait faire de ce tribun du pacifisme ouvrier, avocat visionnaire d'une réconciliation européenne, le premier des ministres socialistes de l'Union sacrée. Puis, héritier de Jaurès, face à la scission communiste il défendra la " vieille Maison " de 1905, que Léon Blum, après lui, s'emploiera à reconstruire. Mais il fut beaucoup plus que cela : le pionnier d'une démocratie de la culture, le collectionneur et théoricien le plus précoce de la peinture de Matisse, un inconditionnel du droit à toutes les recherches en art, un lecteur ouvert tant à la nouvelle anthropologie ou à la découverte de Freud qu'aux leçons de Marx, un amateur de Rimbaud, de Proust, de Cendrars... De fait, l'attention aux ressources secrètes de l'imaginaire, chez ce lecteur impénitent, a nourri une singulière sensibilité du regard comme l'audace indispensable à l'utopie sociale. Puisse une époque désenchantée retrouver, à le découvrir, cet " enthousiasme " sans lequel, soulignait-il, il ne saurait être de réelle émancipation ! " Ses neveux m'ont confié que, dans ce haut atelier ouvrant d'un côté sur la Seine, de l'autre sur les bois, ils avaient découvert d'importants fragments de mémoires intimes. Sans doute mettront-ils très haut, à sa vraie place, l'écrivain que fut Marcel Sembat. " Léon Blum, 1925 Présentation et notes de Christian Phéline.