Prix public : 20,30 €
Franceska Michalska naît en 1923 dans une famille polonaise de Volhynie. L'univers paisible, campagnard et tolérant de son enfance ne tarde pas à se fissurer. Les autorités politiques soviétiques décident de mettre au pas la région. Aux arrestations et exécutions arbitraires (deux de ses oncles sont fusillés) succède la grande famine des années 1932-33, provoquée pour affaiblir les paysans opposés à la collectivisation de l'agriculture. Elle épargne sa famille, mais des voisins figurent parmi les millions de victimes. En juin 1936, le village entier est déporté en wagons à bestiaux, puis en camions vers une destination inconnue. Après un mois d'un voyage très éprouvant, on les dépose dans la steppe désertique du nord du Kazakhstan. La vie s'y organise malgré l'isolement, les privations et les maladies. En 1941, l'auteur décide de se lancer dans la médecine. Elle entame un véritable parcours du combattant qui l'entraîne d'Alma-Ata, à Kharkov et Czernowitz et jusqu'à Wroclaw où elle termine ses études d'infirmière, puis de sage-femme. Sa pugnacité et sa capacité à survivre aux pires difficultés ont raison des obstacles. Se nourrissant au mieux de pain séché mélangé à de l'eau, souffrant du froid et de la peur, elle réussit aussi grâce à des rencontres avec des personnes bienveillantes. Ce bref récit autobiographique, rédigé avec une économie de mots certaine, sans aucun effet de style, parvient à nous toucher par sa sincérité, et son authenticité. Il s'en tient purement aux faits, sans porter le moindre jugement. Ce témoignage éclaire un pan peu connu de l'Histoire du XXe siècle. Au-delà des horreurs qu'il relate, c'est aussi une formidable leçon de volonté et de courage. L'auteur réussit à forcer son destin, à échapper à un système coercitif redoutable programmé pour anéantir toute velléité de résistance individuelle. Accrochée à la vie envers et contre tout, elle nous apporte un message d'espoir.