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Cette étude analyse, dans une approche sociolinguistique, les discours sur la langue du mouvement autonomiste jurassien durant les vingt années les plus chaudes de la lutte pour la création du 23e canton suisse. Elle explore l’hypothèse que les idéologies langagières présentes dans ce discours ont participé à la construction identitaire des Jurassiens séparatistes comme minorité linguistique francophone mise en danger sous la tutelle du canton de Berne à majorité germanophone. Un corpus varié a été dépouillé, constitué principalement de l’hebdomadaire autonomiste Le Jura Libre, des publications du Rassemblement jurassien (RJ) et de ses membres et de documents d’archives. Le cas du Jura démontre une nouvelle fois que les idéologies langagières ne portent pas tant sur la langue que sur la société, classifiant francophones et bilingues, créant une frontière symbolique imperméable entre Bernois et Jurassiens. Partageant ces idéologies avec d’autres minorités, le RJ se fait l’amplificateur d’idées reçues très traditionnelles sur le bilinguisme, l’excellence du français, la germanisation ou le déterminisme linguistique qu’il réinterprète et oriente dans un sens lui permettant de faire du français une arme symbolique. Cette position linguistique est poussée à son paroxysme jusqu’à devenir une véritable posture de combat politique dans le contexte de la Question jurassienne.