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De retour à Paris à la Libération, Henri Calet intègre, dès novembre 1944, la rédaction du journal Combat où il est chargé de décrire, dans des chroniques pleines d’humour et de tendresse, la réalité de l’après-guerre. Les Résistants de l’intérieur, les prisonniers revenant d’Allemagne, les soldats alliés, les réfugiés étrangers, les déportés, les enfants et la population anonyme sont les personnages de ces textes, dont la plupart ont été rassemblés dans Contre l’oubli. Avec l’humanité qui le caractérise, Calet raconte l’âpreté d’un quotidien marqué par les divisions, les rationnements, la xénophobie et la précarité sociale. C’est en qualité de journaliste que Calet se rend, le 24 avril 1945, dans la prison de Fresnes afin d’y procéder au relevé des graffiti laissés par les prisonniers, résistants et militaires alliés, victimes de la répression nazie. Les Murs de Fresnes débute à l’extérieur de la prison, « A onze kilomètres de Paris », dans une mise en situation soulignant la proximité du drame et présentant l’intérieur d’un lieu qui se dérobe ordinairement aux regards. Le lecteur marche dans les pas de Calet, déambule d’une division à l’autre, pénètre dans les cachots, la salle de fouille et le quartier des femmes pour finalement arriver dans le cimetière où l’attend la tombe 347, identifiée comme étant celle de Bertie Albrecht, l’une des fondatrices de Combat. Édifié pour rendre compte des voix des victimes, Les Murs de Fresnes ne s’attache pas seulement aux écrits muraux et s’intéresse à toute forme d’écriture ayant eu cours à l’intérieur de la prison. A la précarité des archives de la Résistance, à la diversité et à la fragilité de leurs supports (murs, livres, gamelles), Henri Calet oppose la rigueur des archives nazies dont il reproduit les glaçants fac-similés comportant la mention « NN » pour « Nacht und Nebel ». Convié dans un lieu qui se refuse ordinairement aux regards, le lecteur-visiteur est invité à observer des graffiti qui sont encore l’œuvre de vivants. Aussi, à la fin de la visite, Calet lui glisse-t-il un dernier conseil : « n’oubliez pas », conscient que le retour à la vie et au quotidien menace le souvenir de ces hommes et de ces femmes. Adrien Aragon, extrait de l’introduction.