Prix public : 20,00 €
Auteur majeur du XXe siècle, consacré par le prix Nobel de littérature en 2015, Svetlana Alexievitch, dont l’oeuvre est publiée chez Actes Sud et Bourgois, a donné un grand nombre d’entretiens à la presse russe en particulier, pour expliquer sa démarche, justifier ses choix, présenter la cohérence de son oeuvre. Peu d’entre eux sont traduits. Nous nous proposons dans ce volume de publier deux de ces entretiens, qui constituent d’excellentes introductions et mises en perspectives du travail de Svetlana Alexievitch. Le premier, intitulé « Le socialisme est mort mais nous sommes toujours là », apporte des éléments importants sur la réception de son oeuvre à l’étranger et trouve donc une place tout à fait pertinente dans une publication tournée vers le public francophone. Le second est l’adaptation en français de l’allocution que Svetlana Alexievitch a donnée à l’Université de Genève lors de la réception de son prix de Docteure Honoris Causa en octobre 2017. Dans ce dernier texte, à teneur plus autobiographique, elle expose l’importance de son milieu d’origine, la valeur déterminante qu’a jouée la guerre patriotique dans son éducation et sa formation et des éléments de sa méthode. Cette publication sera accompagnée de sept textes et d’une lettre de Daniel de Roulet, qui mettent tous en valeur la dimension littéraire de cette oeuvre. Si l’on a souvent mis en avant le caractère puissant des témoignages qu’elle constitue, on a trop peu accordé d’attention à l’ancrage de Svetlana Alexievitch dans la tradition européenne de l’écriture de l’Histoire. Il s’agira donc de considérer la force littéraire de l’oeuvre de Svetlana Alexievitch, qui nous oblige à nous confronter aux violences historiques et politiques de notre temps mais aussi à nous s’interroger sur ce que peut la littérature face aux conflits armés (La guerre n’a pas un visage de femme, Les cercueils de zinc), à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (La supplication) et à la chute de la société et du régime soviétiques (La fin de l’homme rouge). L’orchestration des voix et le montage des documents révèlent la puissance pathétique de ces récits : l’Histoire est perçue depuis l’expérience individuelle en marge de l’héroïsme et bordée par l’effacement. Nathalie Piegay