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Depuis 1990, des changements importants se sont opérés, dans les écrits des femmes, quant à la manière dont elles imaginent, pensent et représentent la filiation. Les écrivaines des deux décennies précédentes avaient cherché à rompre avec la société patriarcale et s'étaient surtout intéressées à la sororité et aux relations selon un axe horizontal. Leurs héritières ont plutôt investi l'axe vertical de la généalogie et se sont penchées sur leurs relations avec leurs pères, leurs mères et leurs enfants. Ce changement ne s'est pas fait sans mélancolie puisqu'elles ont rompu avec la notion de communauté, devenue suspecte, et se sont tournées vers ce que leurs prédécesseures avaient laissé de côté, soit la famille. Elles ont donc travaillé avec des restes et, qui plus est, avec les lacunes de leurs liens filiaux souvent appréhendés dans la distance et même l'absence. Mais cette mélancolie a été féconde.