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Franz Kafka est mort à Kierling, près de Vienne, le 3 juin 1924, par une journée grise et triste, un mois avant l'anniversaire de sa naissance. Depuis, son nom n'a cessé de se propager, son œuvre d'être lue, son influence de s'étendre. Aurait-il été heureux de se voir ainsi évoqué? Qu'on lise encore ses textes si incléments dans l'observation du monde? Sa pensée fut aiguë, extralucide. Son corps, dont il se méfiait comme d'un traître en puissance, fut le lieu où ses désirs étaient séparés de lui : celui d'une écriture célibataire. C'est de ce corps, que chaque jour il bichonnait (le physique était important chez lui), qu'il tira un cancrelat, un blaireau et son terrier, un pont d'où l'on saute, une muraille de Chine, une Amérique nouvelle, une colonie disciplinaire, un homme arrêté sans motif, un château enfoui sous la neige, un artiste du jeûne... Et c'est de ce corps qu'éclatait une rage amoureuse contre laquelle il luttait constamment. Pauvre Felice, pauvre Julie, pauvre Milena, se dit-on, en lisant ses lettres et son Journal. L'écriture pouvait-elle chez lui cohabiter avec le sexe? Le bonheur de l'écriture était-il un châtiment? L'écriture suppléait-elle à la jouissance de l'idiot? Qu'est maintenant pour nous l'innocence coupable de cet écrivain juif de langue allemande qui rêvait de s'établir en Palestine et de parler hébreu? Par fragments, qui prennent la forme paradoxale de poèmes, ce livre interroge cela et bien d'autres choses de la vie de Franz Kafka né à Prague le 3 juillet 1883.