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Au cours de l'été 1887, un journaliste américain, John Armoy Knox, réalise une croisière sur le Saint-Laurent. Une ou deux fois par semaine, il expédie textes et dessins à différents journaux. Sous le couvert de l'humour, Knox est impitoyable : pour lui-même, pour l'équipage de la petite embarcation, pour certains paysages, parfois pour les Américains mais surtout pour le Canada et ses habitants. Les Canadiens qu'il croise sont, comme on les nomme à l'époque, des Canadiens français. Parlent-ils vraiment français ? C'est à voir. Knox n'en est pas convaincu. Et si le problème se limitait à l'état de leur langue, passe encore ! Mais leur comportement le désole également ; le plus souvent, il les juge indolents, pour ne pas dire paresseux. De surcroît, ils se moquent des touristes et des clients. Knox ne pouvait faire cette croisière sans rencontrer d'Indiens. Autre moment savoureux de vérité. En fait Knox est irrespectueux avec pas mal de monde. Les lecteurs « canadiens-français » d'aujourd'hui seront peut-être agacés, voire insultés. Ils jugeront que Knox exagère. Conscient de ses propos provocants, il tente dans son avant-dernière chronique de se racheter : « Est-ce que j'aime le Canada ? Oui, je l'aime. J'aime les bons Canadiens pour leur hospitalité et la gentillesse qu'ils nous ont manifestée. J'aime le pays mais je ne voudrais pas l'annexer aux États-Unis. Pourtant, est insensé celui qui dira que le Canada ne fera jamais partie de la plus grande république du monde. Un jour, le Congrès de Washington gouvernera le Canada ». Que pense Knox de sa croisière ? Il est absolument ravi et incite les siens à l'imiter, à échapper à leur quotidien ennuyeux en découvrant cet immense fleuve nordique qu'est le Saint-Laurent. Et pour ce faire quel meilleur moyen que la navigation ? Ou encore les chroniques tirées de son journal de bord enrichies des dessins de son ineffable illustrateur ? Irlandais de naissance, John Armoy Knox (1851-1906) est « Texan d'adoption, écrit Luc Bureau dans Mots d'ailleurs (Boréal, 2004), vendeur de machines à coudre par nécessité, journaliste par profession, écrivain par vocation, humoriste par ses gênes, propriétaire et administrateur de journal par intérêt financier, marin amateur par goût et par plaisir ». En fait, on sait fort peu de choses sur Knox, contrairement à l'illustrateur Thomas Worth (1834-1917), un des artistes new yorkais les plus réputés de la firme Currier and Ives.