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Louise de Ramezay fait partie d'une famille prestigieuse qui a participé aux événements les plus dramatiques de notre histoire. Son père, alors qu'il était gouverneur de Montréal, a fait construire le célèbre château qui subsiste encore. Apprenant qu'un prisonnier anglais était un constructeur de moulin à scie, il « l'achète » aux Amérindiens et lui confie l'aménagement d'une scierie dans la seigneurie de Chambly. Malgré les diverses péripéties qui se déroulent en ce lieu (meurtre d'un esclave noir, procès divers, bris causés par les glaces), il semble que cette entreprise lucrative marque l'enfance de Louise. C'est donc tout naturellement qu'elle en prend la commande quand l'occasion se présente. Jusqu'à sa mort à l'âge de 71 ans, cette femme célibataire dirigera sa scierie avec obstination malgré les nombreux obstacles. À ce jour, aucune biographie complète ne lui a été consacrée. Pourtant, cette femme déterminée à s'implanter dans l'exploitation forestière a eu un parcours peu commun. On a dit qu'elle avait eu plusieurs moulins, qu'elle avait transporté une tannerie à Chambly, que ses succès financiers lui avaient permis d'effacer les dettes de son père et de soutenir sa famille et qu'elle avait permis à un de ses employés d'apprendre à écrire durant ses heures de travail. Mythe ou réalité ? Voici donc l'histoire documentée d'une femme qui s'obstine à vouloir faire fonctionner un moulin régulièrement détruit par les débâcles printanières. Une femme qui s'associe à des gens qu'elle omet, peut-être, de rencontrer d'une façon régulière et qui la forcent à se battre en justice d'une manière constante. Comme son père, elle « dépense sans compter » et oublie souvent de régler ses comptes. Si elle a connu des moments de luxe, elle accepte de vivre dans des conditions plus simples quand se présentent les difficultés… en attendant l'occasion de reprendre les rênes de son onéreux moulin. Après avoir vu son entourage quitter le pays à la suite de l'invasion britannique en 1760, elle poursuit son rêve et se retrouve entourée de révolutionnaires américains quinze années plus tard. Enseignant à la retraite, Réal Fortin a participé à quelques découvertes de sites archéologiques, notamment le fort Sainte-Thérèse érigé par le régiment de Carignan et les casernes de Blairfindie construites à la suite de la guerre 1812-1814. Il a été cofondateur et président du Musée régional du Haut-Richelieu. Il a publié de nombreuses études traitant des événements marquants de l'histoire nationale qui se sont déroulés le long de la rivière Richelieu, dont Le Fort de Chambly (Septentrion, 2007). Il est membre du conseil de la Société d'histoire de la seigneurie de Chambly depuis 2003.