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Parce qu’il ne cesse de dépasser les limites dans lesquelles chaque génération a voulu l’enfermer, l’art est désormais perçu comme un moribond historique dont la nature se serait évaporée, ou comme errant dans une espèce de no man’s land indéfinissable tant il serait malléable, protéiforme et, de ce fait, insaisissable. Il se dit de lui qu’il n’est plus que sa définition tautologique, qu’il a pour destin de se dissoudre dans la spéculation philosophique, qu’il est ce que l’on veut qu’il soit, qu’il peut donc être tout, c’est-à-dire n’importe quoi et que conséquemment il n’est pas loin du rien, donc de sa propre mort.Pourtant, la création artistique contemporaine, sous toutes ses formes, indépendamment des crises sporadiques de ses marchés, semble se porter à merveille. Aucun signe d’épuisement ni avis de décès. Si les définitions classiques et modernes de l’art jusque-là usitées se révèlent si impuissantes à le cerner, n’y a-t-il pas quelque intérêt à voir ce qu’il n’est pas, ou bien ce qu’il n’est plus, afin d’arriver à mieux voir ce que, toujours, il est ? Il ne s’agit pas pour autant de se mettre, à nouveaux frais, à la recherche d’une improbable essence de l’art dans un introuvable objet de nature artistique. Il faut renoncer à définir la nature de l’objet d’art qui, bien que définissable en tant qu’appartenant à une classe ou à une caste, reste impossible à définir en tant qu’objet spécifié, séparé ontologiquement des autres par essence et nécessité. Ce n’est pas sa nature d’objet spécifique qui est appréhendable, mais bien la nature de son fonctionnement dans un certain système qui peut l’accepter ou le refouler de manière très mobile et très ouverte. C’est à dégager la nature de ce fonctionnement artistique que voudrait contribuer cet ouvrage.