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Cet ouvrage est motivé par ce constat paradoxal : alors que l'histoire de la philosophie a pris une importance énorme dans la production philosophique, la réflexion épistémologique sur les méthodes et les enjeux de cette histoire est restée tout à fait négligée. Or, faire quelque chose sans s'interroger sur la façon dont on le fait, c'est prendre le risque de mal le faire. Parmi le grand nombre de questions qui se posent à cet égard, on doit se demander que signifie bien comprendre un auteur du passé ? Faut-il considérer avant tout ce qu'il a voulu dire, ou bien expliquer ce qu'il a dit par des influences souterraines non conscientes ? Faut-il expliquer les penseurs par les courants qui les comprennent, ou bien ne considérer les courants, les écoles et les traditions que comme des affiliations intellectuelles abstraites ? L'histoire de la philosophie doit-elle servir à former le jugement philosophique présent, ou bien valoir pour elle-même ? Qui est le plus à même de l'écrire : l'historien ou le philosophe ? Qui doit l'enseigner, et selon quelle méthode ? La seule thèse que cet ouvrage se permet de défendre est celle-ci : toutes ces questions se posent, et l'historien de la philosophie aurait profit à se les poser plus frontalement qu'il ne le fait de coutume. Pour y voir clair, le lecteur trouvera donc dans cet ouvrage des contributions de philosophes, d'historiens, de sociologues, de même, pour aller au-delà de l'aire occidentale, des textes d'arabisant, d'indianiste et de sinologue.