Prix public : 19,00 €
«Quand mon père est mort, je n’ai pas hérité de boîtes pleines de documents et de lettres. Ses cendres ont été jetées à l’eau. Ses biens ont été donnés, détruits à la hâte. Il avait les yeux clairs et portait la barbe. Sur les photos, il avait cette allure virile et négligée caractéristique des années soixante-dix. Il ne pouvait pas se mettre à table sans son couteau de poche et du pain. Il disait “il” à ceux qu’il aurait dû vouvoyer, parce qu’il refusait de se soumettre à leur supériorité de classe. Il était drôle et colérique. Il était sensible. Il fumait, il buvait; il n’a pas laissé grand-chose derrière lui. Je crois qu’il avait commencé à disparaître de son vivant déjà. Quand on a soulevé son corps, j’ai vu la légère empreinte qui creusait le drap, là où était posé son crâne. Puis elle s’est effacée, et le drap est redevenu lisse. C’est cette disparition qui a déclenché l’écriture de ce livre, cette absence que laissent les morts, avec laquelle ceux qui leur survivent tissent des fctions pour s’en sortir. » Après la disparition de son père, mort en quelques heures à l’hôpital alors qu’elle survolait l’Atlantique pour se rendre à son chevet en France, une artiste établie à Montréal essaie, au moyen d’entrevues avec ses proches, de récits, de textes de fction et de documents d’archives, de donner un sens au vide qu’il a laissé. Premier livre hors normes, d’une justesse impitoyable, entre récit de soi, déconstruction romanesque et enquête familiale, dans le sillage d’Annie Ernaux et de Sophie Calle, de Miranda July et d’Olivia Rosenthal.