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L’agonie du capitalisme appelle le coup de grâce de l’anarchie. Propriété, patrie, famille, armée, justice : toutes les institutions de la société bourgeoise ne pourront résister aux assauts conjugués de l’anarchisme et de ses défenseurs. Voilà en substance ce que prône La société mourante et l’anarchie, rédigé en prison et publié pour la première fois en 1893, et qui valut à son auteur d’être renvoyé derrière les barreaux pour deux autres années. Les juges – guère réputés pour leurs goûts littéraires – condamnaient là le militant plutôt qu’une oeuvre lumineuse. Propagandiste, journaliste et théoricien infatigable, Jean Grave ne démérita pas pour diffuser l’« idée ».
Quelque peu tombé dans l’oubli, le travail de Jean Grave, à commencer par son classique La société mourante et l’anarchie, propose pourtant une synthèse pratique et maniable de la pensée anarchiste. Aujourd’hui encore, les plus grandes idées exposées par Jean Grave peuvent servir leur fonction d’origine : expliquer, par des arguments rationnels et fondés, la nécessité vitale de l’avènement d’une société anarchiste.
Jean Grave (1854-1939) a été l’animateur du Révolté, de La Révolte et des Temps nouveaux, de 1883 à 1914. Figure majeure du mouvement anarchiste d’avant-guerre, il était notamment très proche de Pierre Kropotkine et d’Élisée Reclus.