Prix public : 25,00 €
Frédéric Mistral est issu d'une famille de paysans aisés de Maillane, un petit village de la basse vallée du Rhône, entre Arles et Avignon. Sa langue maternelle est l'occitan, la langue normale, alors, des classes populaires du Midi, même si les classes supérieures ont commencé à l'abandonner. Mais il va à l'école – ce n'est pas si fréquent, alors. Mieux : il va ensuite au lycée, passe le baccalauréat – réservé à quelques milliers de jeunes gens chaque année sous la Monarchie de Juillet, et obtient même une licence en droit à Aix-en-Provence. Arrivé à ce point, il aurait pu suivre la voie la plus facile, oublier la langue de ses origines pour faire carrière dans le droit, quitte à consacrer ses loisirs à lire les auteurs français de son temps, de Hugo à Lamartine ou Vigny. Il va les lire, d'ailleurs, et même, plus tard, les rencontrer ou, à tout le moins, correspondre avec eux. Mais ce n'est pas pour autant qu'il va renoncer au provençal. Sa vocation d'écrivain est précoce– dès l'adolescence, et dès le départ ce sont les mots d'oc qui lui viennent. Avec quelques jeunes amis de la région d'Avignon, il fonde en 1854 une association qui existe encore, le Félibrige, dont le but est de rendre à la langue d'oc le statut de grande langue littéraire qui avait été le sien au Moyen Âge, avant la Croisade albigeoise, et qu'elle avait perdu depuis. Ce qui implique un travail sur la langue, pour la doter d'une orthographe cohérente, et épurer un vocabulaire pénétré d'emprunts au français. Si au départ les félibres sont minoritaires parmi les écrivains d'oc de leur temps, le premier grand poème publié par Mistral en 1859, « Mirèio », va changer la donne, grâce au succès national que cette épopée populaire rencontre. Le prix Nobel de littérature qui lui est décerné en 1904 vient consacrer son combat, grâce notamment aux membres romanistes allemands, majoritaires au sein du comité Nobel.