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Comment comprendre des événements qui dépassent la raison, comme le génocide rwandais de 1994 ? Comment comprendre la violence ethniciste ? Ces questions d'une sinistre actualité n'ont cessé de hanter l'auteur, qui vécut les premiers jours des massacres avec son épouse rwandaise, avant qu'ils puissent s'échapper. La tragédie rwandaise appelle différents angles d'analyse, souvent rappelés ici. On trouvera dans ce livre une attention persistante à ce que l'on peut appeler l'ethnicisation progressive du Rwanda par des élites politiques intériorisant d'anciennes fantasmagories coloniales, exacerbant les frontières entre les catégories sociales de Hutu, de Tutsi et de Twa, s'insinuant par la propagande dans la psyché des gens. Un jour vint le temps des cartes d'identité portant la mention de l’« ethnie » : nous ne sommes pas si loin de l'Europe centrale. Mais l'histoire politique est elle-même informée par des conceptions de l'être et de la personne. Dans le cours du génocide rwandais une « politique du corps » ne cesse d'émerger : des « corps maléfiques » « obstruent » la nation, (dans la médecine populaire les maladies sont des dérèglements des flux corporels), et des passions sexuelles alimentent la haine. Ne pas présenter les traits physiques requis peut mener à la mort. Au terme d'un itinéraire l'ayant mené de l'analyse historique et politique à l'analyse symbolique, l'auteur découvre dans le chaos rwandais une « logique mythique » qui a donné sa forme aux passions et à la violence. On trouvera ici l'une des toutes premières analyses anthropologiques du génocide rwandais, dont les arguments sont probablement et malheureusement applicables à d'autres massacres de masse dans le monde.