Prix public : 25,00 €
Dans un monde où perdurent guerres et desseins dominateurs, ce numéro interroge l’art aux prises avec l’autoritarisme sur le temps long, du XVIe siècle à nos jours. L’art a pu, dans certains cas, servir les visées autoritaires du pouvoir en place (décors fascistes d’Arnaldo Carpanetti en Italie, exposition sur l’architecture nazie présentée en 1942 à Madrid, fresques de Pierre Ducos de La Haille pour le palais de la Porte dorée, affiches de propagande communiste vietnamienne). Dans les diverses formes coloniales, certains artefacts ont revêtu des significations changeant selon le contexte (masque D’mba en Guinée, nus féminins exposés au Salon japonais dans les années 1930). L’autoritarisme a pu avancer masqué (la Documenta, marquée par Joseph Beuys, et ses liens avec des courants réactionnaires ; le genre, obstacle pour les professionnelles de musée ; l’influence de la CIA au Nigeria dans les années 1960 à 1980). Mais l’art a aussi été un moyen de résistance à l’autoritarisme (le collectif CADA dans le Chili de Pinochet ; l'œuvre en exil du Bélarusse Sergey Shabohin, entre collecte, archivage et création ; Sammy Baloji et son travail sur les relations entre l’Europe et le royaume du Kongo). Face à la censure et à l’exclusion, certains doivent se résoudre à créer dans les interstices de liberté (les populations mexica se réappropriant des images chrétiennes ; l'Albanais Edi Hila et la sphère de l’intime ; les films de Jafar Panahi ; le spectre de Tian’anmen en Chine ; la situation des artistes palestiniens, notamment à Gaza).