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La Caverne est un récit assez court qui existe dans d'autres traductions, l'une difficilement trouvable, (à l'Age d'Homme, trad. M-C. Masson-Beauchet et J. Catteau, 1989), l'autre épuisée (chez Solin et en point-Seuil par A. Markowicz, 1989 et 1991). Or il s'agit d'un texte magnifique d'un grand auteur. D'autant que pour la première fois, nous proposons aussi la traduction de la pièce que Zamiatine a écrite sur le même thème, jamais traduite à notre connaissance. Pendant la guerre civile, au plus fort de l'hiver, les gens tentent de survivre à Pétrograd dans des conditions qui rappellent la vie des hommes des cavernes (d'où le titre). Un intellectuel dont la femme est en train de mourir de faim et de froid au fond d'un appartement transformé en grotte glacée est tourmenté par un dilemme : pour réconforter sa femme, va-t-il se résoudre à contrevenir à tous les principes qui lui ont été inculqués et voler des bûches chez un voisin ? Evguéni Zamiatine (1884-1937) est un écrivain qui joua un rôle majeur dans la vie littéraire en Russie dans les années 1910-1920. Reconnu d'emblée comme un grand prosateur, il collabora à des revues, donna des conférences sur la technique de la prose et anima des ateliers d'écriture. Mais très vite, il se rebella contre la politisation de la littérature. En 1929, il fut victime de violentes attaques en raison de la publication en Occident de son roman Nous autres (une œuvre de la même veine que Le Meilleur des mondes et 1984, dénonçant la mainmise de l’État sur la vie des hommes). Ne pouvant plus publier en URSS, il demanda à Staline l'autorisation d'émigrer. Il quitta son pays en 1931, et vécut à Paris où il mourut en 1937. Nous avons déjà publié un livre de lui, En Coulisses, sur les coulisses de l'écriture. Des glaciers, des mammouths, des déserts. Des rochers de nuit, noirs, qui ressemblent vaguement à des immeubles ; à l'intérieur des rochers, des cavernes. Et nul ne sait ce qui barrit la nuit sur le sentier de pierres entre les rochers, ce qui, en flairant le sentier, soulève de son souffle une poussière de neige blanche ; c'est peut-être un mammouth à la trompe grise ; c'est peut-être le vent ; ou peut-être le vent est-il le barrissement glacé d'un mammouth mammouthissime. Une chose est sûre : c’est l’hiver. Et il faut serrer les dents le plus fort possible pour qu’elles ne claquent pas ; et il faut débiter le bois avec une hache de pierre ; et, chaque nuit, il faut transporter son feu de caverne en caverne, de plus en plus profondément ; et il faut enrouler autour de soi de plus en plus de peaux de bêtes à fourrure.