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Évoquer l'usage du référendum dans la vie politique britannique peut sembler paradoxal, tant la constitution de ce pays a été construite autour du principe de la souveraineté parlementaire, autrement dit de la démocratie représentative et non directe. Dans ces conditions, l'idée même d'organiser un référendum est a priori non seulement juridiquement douteuse, mais potentiellement dangereuse sur le plan politique, puisqu'elle remet en question le fondement même des institutions et contourne les partis dans leur rôle de médiateurs entre les électeurs et le pouvoir politique. Pourtant, la possibilité ou la tentation de recourir à un tel scrutin populaire avait déjà été évoquée dans le passé, lorsque s'était fait sentir le besoin de trancher un débat qui divisait les partis traditionnels et bloquait le fonctionnement normal du Parlement - on songe par exemple à la question du Home Rule en Irlande à la fin du dix-neuvième siècle. Mais elle ne s'était jamais concrétisée au niveau national jusqu'aux années 1970, où la pratique référendaire est apparue de manière significative dans la vie politique britannique. Le recours au référendum était jusque là cantonné à la marginalité de consultations locales sur des enjeux très restreints. C'est moins le référendum de 1973 en Irlande du Nord que celui de 1975 au Royaume-Uni qui constitue un tournant constitutionnel en la matière, même si la doctrine de la souveraineté parlementaire a été plus ou moins artificiellement maintenue par la fiction selon laquelle cette consultation n'avait qu'une valeur consultative. En effet ce référendum a concerné l'ensemble du Royaume-Uni et demeure le seul à l'avoir fait jusqu'à présent.