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Avant d'être exécuté pour avoir mené l'insurrection indienne de 1780-81 dans le Haut-Pérou, dont la future Bolivie est une des composantes, Túpac Katari annonce : " Je reviendrai et nous serons des millions ". Plus de deux siècles plus tard, en décembre 2005, le peuple bolivien élit Evo Morales à la présidence de la République. Le candidat du Mouvement vers le Socialisme (MAS) devient le premier dirigeant indigène d'un pays où les fractures ethniques redoublent les divisions de classe. Son programme, qui ambitionne de rompre simultanément avec l'héritage colonial et le néolibéralisme, traduit sur le plan électoral les conquêtes des mouvements sociaux. La mobilisation contre les multinationales de l'eau en avril 2000, puis la " guerre du gaz " de 2003 en faveur de la nationalisation des hydrocarbures, sont les épisodes les plus marquants d'une résistance multiforme, qui a fait converger organisations rurales et syndicats urbains, processus identitaires et revendications économiques, nationalisme révolutionnaire et indianisme. Convaincus qu'on ne change pas le monde sans prendre le pouvoir, paysans et ouvriers, métis et indigènes, ont transformé leur attelage hétéroclite en une force politique capable de diriger le pays : faut-il pour autant y voir un modèle pour une recomposition de la gauche ?