Prix public : 12,00 €
" C’était l’hiver. Certains personnages du monde sillonnaient la ville. Pergolèse, les trafiquants et la Belle au Bois Dormant racontent qu’ici, pendant un temps, un « désir d’être peau rouge » s’empara de nous. Il ne reste plus de tout cela que les « Enfants Perdus » qui, au « Pays du Plus Jamais », permirent de fredonner des hymnes aux rêves « mieux que la réalité ». Des gens qui ne se connaissaient pas entendirent la rumeur d’un livre – enfin, il y avait un livre ! Un certain Flash Gordon et un certain Roger Waters se mirent en contact ; une fille de la Gran Vía et Antonello de Messine devinrent de très bons amis ; la reine des Chats et Bonnie and Clyde firent un voyage ensemble. C’est alors qu’il y eut des messages et des appels, des mots de passe. Le Balafré était arrivé au village sans écharpe rouge et sans arguments. Tout le monde le savait : c’était un jeune poète et son livre répondait au nom étrange de Carnaby Street. La secte des « panériens » grandit en silence, sans laisser le temps aux cœurs solitaires de se refroidir aux carrefours des rues. Les lecteurs, une lueur spéciale dans les yeux, parlaient d’un rapport mystérieux à Carnaby. La confusion empêchait de comprendre que chaque lecteur s’était transformé en amant. La légende d’un individu déconcertant, espagnol par-dessus le marché, qui avait assisté à la « Première à Londres de Mary Poppins » et qui, probablement, connaissait Syd Barrett de Pink Floyd, circula jusqu’au paroxysme. Certains jours, à certaines heures, un jeune homme s’approchait du kiosque en chuchotant quelques mots comme une oraison. Les libraires ne comprenaient pas. Lui, désirait ardemment, peut-être même sans avoir feuilleté les pages de « Tarzan trahi » ou de « Autres poèmes », un livre intitulé Así se fundó Carnaby Street. On était en mars de l’année 1970. " Jordi Jové, extrait de « Así se fundó Leopoldo María Panero », 1986.