Prix public : 12,00 €
À chaque nouvelle humiliation, à chaque nouveau coup porté à leur dignité, les personnages des quatre nouvelles de ce recueil en redemandent. "Communiquer, disent-ils", "Ordonne-moi d’exister", "La mutation des êtres", "C’est comme tu veux, Na", le ton est donné: les narrateurs, doubles de l’auteur, sont des faibles, moins soumis à la tyrannie de leur « petite-sœur » qu’à la spirale de leur désir masochiste. Un enfer (bouddhique) des passions où la jubilation et le rire, un rire sauvage, omniprésent, un rire nietzschéen, sauvent l’auteur et son œuvre du cynisme et de la noirceur. Pour beaucoup, le Cambodgien Soth Polin (1943) est l’écrivain d’un seul livre, "L’Anarchiste" (éd. La Table ronde), livre culte écrit en 1979, quelques mois après la chute du régime de Pol Pot. Il existe pourtant d’autres pépites, inédites en français, comme ce "Génial et génital", publié dix ans plus tôt, où, avec une hargne et une lucidité extrêmes, l’auteur ruminait déjà ce désespoir proprement « polinien », désespoir à la fois personnel (je suis un minable), historique (la décadence, depuis Angkor) et métaphysique (il est humiliant d’être humain).