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L'une des avancées fondamentales du romantisme aura été de comprendre que la vie ne se limite pas aux seules capitales européennes. Il faut découvrir le vaste monde. Chateaubriand file vers Jérusalem, Flaubert en Égypte, Delacroix pose ses pinceaux à Alger, Mérimée crapahute à travers l'Andalousie... Et la nature ! Cette nature que l'on avait négligée, voilà que les esprits du siècle veulent y plonger : on marche, on nage, on herborise. La montagne est là, si proche, si forte. Il faut l'embrasser. Sur les traces d'Hannibal et de Napoléon 1er, chacun arpente les cols élevés, redoute l'avalanche et tente de décrypter ce que les immensités glacées confient à leurs amants tenaces. Chateaubriand, l'immense vicomte, exècre les Alpes, peut-être par rancœur à l'encontre de Rousseau. Mais Dumas tombe sous le charme, et, avec son inimitable talent de conteur, nous retrace les grandes heures des premières ascensions, lorsque Jacques Balmat ouvrait des voies comme d'autres enfoncent des portes. Sous la plume de Hugo comme de Gautier, de Stendhal ou de Sand, la poésie côtoie l'effarement, la fascination tutoie l'ivresse. Les sociétés se télescopent : celle des riches oisifs et des Savoyards des hautes vallées qui passent quelques semaines ensemble. Le plus surprenant, et le plus heureux, est qu'ils apprennent à se connaître, et finalement à se respecter. La montagne, au bout du compte, a toujours le dernier mot.