Prix public : 20,00 €
En 1956, les lois d'exception édictées par Gamal Abdel Nasser, le Raïs, condamnent les Juifs à quitter l'Égypte. La jeune fille qui a vu son monde au bord du Nil sombrer se retrouve soudain à Londres pour le raconter... dans le brouillard des rues, dans l'ennui des salles de classe, dans la solitude des bibliothèques elle est hantée par les souvenirs des choses et des êtres disparus, non seulement sa jeunesse, sa famille, la société dorée encore multiculturelle du Caire, mais le peuple dispersé à jamais et la culture millénaire qui s'étaient découverts violemment comme les siens. Dépossédés de leurs biens et de leur profession, de leurs droits et de leur nationalité, exposés au mépris, aux lynchages, à l'arbitraire d'un régime et de sa police, les Juifs ont dû s'engager à ne jamais revenir dans ce pays qui était pourtant le leur depuis la nuit des temps. Les Juifs sont nos chiens. Le vent se lève et la violence se déchaîne, mais l'Europe n'est pas prête à entendre cela de la bouche des nouveaux apatrides, comme une dizaine d'années auparavant elle n'avait pas voulu écouter les voix de Ka-Tzetnik et de Primo Levi. La jeune fille un peu nietzschéenne redoutant d'être fouillée à la frontière avait brûlé tous ses écrits, et elle aura enseveli pendant un demi-siècle ce roman rédigé peu après cette déchirure. Entre temps, elle s'astreignait à de très longues recherches pour comprendrece qui s'était passé, devenant Bat Ye'or, la fille du Nil, explorant et décrivant les mécanismes du jihad et de la dhimmitude dans de nombreux ouvrages. Ce livre-là est le roman de sa jeunesse, quand elle découvre le malheur d'une civilisation oubliant toute mesure jusqu'à éradiquer les témoins de son origine. Il s'agit d'un nouveau crépuscule, où la mémoire des spectres et un passé qui ne veut pas mourir demandent justice, c'est-à-dire que change au moins le regard sur l'oppression qu'ils ont subie. AUTEUR Depuis la parution du dernier roman de Houellebecq et les attentats concomitant en janvier 2015, Jean Birnbaum dans Le Monde, veut absolument faire croire que Bat Ye'or n'est qu'une affabulatrice. Mais si ses travaux ont assez évidemment inspiré Soumission, il prétend que l'historienne ne trouverait l'aboutissement de cinquante ans d'exil, de travail et de combat intellectuels que dans la publication de ce roman, qui a tellement dérangé ses anciens adeptes. Birnbaum termine le dernier grand article qu'il a consacré à l'historienne et essayiste (le Monde du 15 février 2018) avec cette conclusion assez étonnante : De livre en livre, finalement, Bat Ye'or aura théorisé cette expérience d'inquiétude et de vulnérabilité, la radicalisant peu à peu jusqu'à l'universaliser dans un grand récit aux prétentions scientifiques douteuses, mais aux effets politiques explosifs. (...) Ainsi l'intellectuelle britannique a-t-elle renoué, consciemment ou non, avec ce qu'elle présente comme sa vraie passion, la fiction. Et il se demande si Michel Houellebecq n'aurait pas déjà rédigé une version romanesque de ses pamphlets politiques. Sauf que Bat Ye'or ne cherche pas à enrôler la plume de qui que ce soit et c'est en suivant sa propre temporalité dans les rudes chemins de l'histoire qu'elle publie maintenant ses récits pas du tout futuristes mais historiques, décrivant sur plusieurs générations la condition, les préoccupations et les débats d'idées qui affectèrent la communauté juive d'Égypte entre 1812 et 1957. AUTEUR De Bat Ye'or Les provinciales ont publié : L'Europe et le spectre du califat (2010), Le Dhimmi, profil de l'opprimé après la conquête arabe en Orient et en Afrique du nord (2018), Autobiographie politique, de la découverte du dhimmi à Eurabia (2018).