Prix public : 16,00 €
Les limites du corps, comme celles de l'univers de l'homme, sont celles fournies par les systèmes symboliques dont il est tributaire. Comme la langue le corps est une mesure du monde, un filet jeté sur la foule des stimulations qui assaillent l'individu au long de sa vie quotidienne et qui ne retient dans ses mailles que celles qui lui paraissent les plus signifiantes. À chaque instant à travers son corps, l'individu interprète son environnement et agit sur lui en fonction des orientations intériorisées par l'éducation ou l'habitude. La sensation est immédiatement immergée dans la perception. Entre la sensation et la perception, il y a la faculté de connaissance qui rappelle que l'homme n'est pas un organisme biologique mais une créature du sens. Voir (Christophe Wulf), entendre (Françoise Gründ), goûter (Jean-Pierre Corbeau), toucher (Florence Vinit) ou sentir (Joël Candau) le monde c'est en permanence le penser à travers le prisme d'un organe sensoriel. La vigilance ou l'attention n'est pas toujours de mise. Même si l'individu n'en possède qu'une infime lucidité, il ne cesse au fil de l'écoulement des jours de trier parmi la profusion de stimulations qui le traversent. Face au monde l'homme n'est jamais un il, une oreille, une main, une bouche ou un nez, mais un regard, une écoute, un toucher, une gustation ou une olfaction. L'environnement n'est que le prétexte de ce que l'homme en tire. À tout instant l'individu institue le monde sensoriel où il baigne en un monde de sens. La perception n'est pas l'empreinte d'un objet sur un organe sensoriel passif, mais une activité de connaissance diluée dans l'évidence ou fruit d'une réflexion. Ce n'est pas le réel que les hommes perçoivent mais déjà un monde de significations (David Howes).