Prix public : 15,00 €
Qu'aurait pu dire Hawa Greou en réponse aux reproches qui lui étaient faits ? Rien qui puisse être entendu. Ses interlocuteurs, africains comme européens, ne pouvant admettre un argumentaire dont les référents essentiels puisent dans l'univers mytho-culturel africain, celui-là même que tous sont prêts à louer dans ses formes folklorisées/fossilisées. Que pouvaient dire ses défenseurs qui puisse être entendu ? Essentiellement que les pratiques culturelles ne doivent pas être critiquées sous peine de masquer un ethnocentrisme. Tels sont les termes du débat sur la question de l'excision, sur lequel ce livre a tenu à revenir. Son auteur a voulu contourner les deux obstacles que dresse le relativisme sur la voie de la saisie claire de cette pratique : une réduction de l'Afrique à elle-même ou une dilution de l'argumentation dans le tout-est-possible. " L'excision est une pratique mauvaise ", est l'énoncé terminal auquel aboutit la critique, qui elle-même s'appuie sur cet autre énoncé pris comme prémisse fondamentale : " l'excision est une mutilation ". Revenant sur cette dernière équation, le livre essaye d'apporter un éclairage conceptuel aux notions mises en jeu. Le débat, dominé par des recherches empiriques, a peut-être simplement oublié que les concepts utilisés méritaient sans doute d'être élucidés. Qu'est-ce que mutiler ? la clitoridectomie est-elle l'excision ? En proposant un éclairage de ces questions, l'auteur prétend mettre le lecteur sur la voie de la résolution d'un problème qui touche aux questions cruciales du corps et de la sexualité. Rejetant le relativisme simple, et se refusant à recourir au concept malheureux de tradition, l'auteur prétend s'inscrire dans une perspective d'universalité éthique (Platon, Kant), pour avoir essayé de situer la valeur au-delà de son expression sociale. Même s'il pense aboutir sur ce plan à un échec, il débouche sur des thèses fondamentales quant à la modernité due porte en elle l'excision.