Prix public : 19,30 €
Récusant deux lieux communs de l'approche du judéocide – la notion d'une tragédie interne à l'histoire juive ou n'affectant que la vie juive et celle d'un accident de parcours de la civilisation occidentale – « Modernité et Holocauste » analyse la « rencontre unique » entre des facteurs généraux, courants et, pour tout dire, « normaux » de la modernité et une forme de criminalité sans précédent dans l'histoire de l'Occident. Loin de constituer une aberration inexplicable dans le cours de l'évolution sociale, économique, culturelle et politique, le génocide entretient d'étroites affinités entre les traits dominants du processus civilisateur en Europe occidentale. Cet essai étudie avec une attention toute particulière la façon dont la perpétration du génocide industriel calque ses procédures et ses dispositifs sur les schèmes de l'action rationnelle dans les états développés – dans les domaines administratif et économique notamment. Analysant l'holocauste comme un « test de modernité », Auschwitz comme une « extension du système industriel moderne », les criminels nazis comme des personnalités ordinaires saisies par la dynamique et le dispositif général de l'extermination, ce livre travaille à installer – quoi qu'il doive en coûter aux amateurs contemporains de souffrance narcissique – le génocide au c'ur et non en marge du processus de modernisation. Nul doute qu'il soit appelé à susciter en France, comme dans tous les pays où il a été publié, une ample discussion.