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Les événements actuels en Israël-Palestine sont généralement présentés comme une série d'incidents tragiques, aggravés par la psychologie perverse de l'actuel Premier ministre, Ariel Sharon. Mais l'examen attentif des faits tels qu'ils ressortent des médias israéliens révèle que, dès les premiers jours du soulèvement palestinien, derrière la folie apparente il y avait des ordres terrifiants qui avaient été donnés. Israël a mis en œuvre de façon systématique le projet de faire tomber Arafat, de détruire les institutions palestiniennes et d'en finir avec les accords d'Oslo. En fait, cette politique remonte à plus loin dans le temps. Depuis le début du "processus d'Oslo" en 1993, il y a eu deux conceptions divergentes dans les milieux politiques et militaires israéliens. La première, soutenue par Yossi Beilin, cherchait à mettre en application une version du vieux plan du parti travailliste (plan Alon), qui consistait à annexer environ 35% des territoires occupés et à donner aux Palestiniens un certain degré d'autodétermination sur le reste. Mais pour la partie opposée, c'était encore trop. L'oppositions aux accords d'Oslo était focalisée autour des militaires - dont le porte-parole le plus virulent à l'époque était le chef d'état-major, Ehud Barak ? et dans le cercle politique de Sharon. Barak et Sharon appartiennent à une lignée de généraux politiques, nourris par le mythe de Ben Gourion, la rédemption par la terre. Comme ils l'ont déclaré à maintes reprises l'an dernier, "la guerre de 1948 n'est pas encore terminée". Pour eux, il est encore possible de mettre à exécution le plan de Sharon : écraser les Palestiniens, en pousser le plus grand nombre hors des territoires occupés, et imposer un ordre régional comme il a essayé de le faire au Liban en 1982. Cette confiance a été renforcée par la nouvelle philosophie occidentale de la guerre, mise en application en Irak, au Kosovo et en Afghanistan. En 1999, l'armée est revenue au pouvoir, par Barak puis Sharon. Pour corriger ce qui était pour eux la grave erreur d'Oslo, la première étape était de convaincre l'opinion publique israélienne, fatiguée de la guerre, que les Palestiniens ne voulaient pas la paix et mettaient en cause l'existence même d'Israël. Sharon tout seul n'y serait peut-être pas parvenu, mais Barak y a réussi. Par une magistrale mystification, il a convaincu les Israéliens et le monde entier qu'il avait fait à Camp David des concessions sans précédent, que les Palestiniens avaient refusé (on trouvera dans le livre une étude détaillée des négociations, montrant qu'en fait Israël n'a rien proposé d'autre qu'une version aggravée de la situation existante). Après un an et demi de propagande, de terreur et de mensonges, Sharon et les militaires sont désormais convaincus que rien ne peut plus les arrêter.