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Selon un mythe omniprésent dans le monde occidental, une nouvelle aurore se lève sur l'Orient : Israël est enfin dirigé par un homme qui a à la fois la volonté et le pouvoir de faire la paix. Ariel Sharon n'est plus le cerveau de l'occupation, il a changé. Le président Moubarak lui-même l'a dit en novembre 2005 : « Seul Sharon peut faire la paix. » Le livre de Tanya Reinhart qui porte sur les années 2003-2005 montre que ce mythe est à l'opposé de la réalité. Pendant ces années, Sharon a continué la destruction systématique de la Palestine, en suivant le plan qui est le sien depuis toujours. Pendant l'ère de la « feuille de route », quand Mahmoud Abbas était le Premier ministre d'Arafat, Israël a tout fait pour rompre le cessez-le-feu déclaré, pour la première fois depuis 2000, par toutes les factions palestiniennes. Après qu'Abbas a été élu président, un nouveau cessez-le-feu a été proclamé en février 2004. Une nouvelle fois, alors que Sharon avait affirmé qu'« Israël allait cesser toute activité militaire contre les Palestiniens », l'armée israélienne a continué ses actions comme si de rien n'était. Sharon n'a pas changé. S'il a évacué Gaza, c'est contraint et forcé par la pression mondiale et en particulier celle des Américains, désireux d'avoir au moins un succès dans la région. Cette évacuation a été un risque calculé, qui permettra de serrer l'étau sur la Cisjordanie, en gagnant le temps nécessaire à la construction du mur. Le but de Sharon est clair : enfermer les Palestiniens dans des enclaves-prisons tandis qu'Israël s'approprie chaque jour davantage de leurs terres et de leurs ressources naturelles. La question est de savoir si la lutte conjointe des Palestiniens et des pacifistes israéliens le long du mur et la pression mondiale pourront ou non éviter une telle évolution. Comme « Détruire la Palestine, ou comment terminer la guerre de 1948 » (La Fabrique, 2002), ce nouveau livre impitoyable de Tanya Reinhart a comme source quasi exclusive la presse israélienne. Il est conduit avec la rigueur d'une démonstration et l'indignation froide d'une des rares intellectuelles israéliennes qui avaient prédit et expliqué l'échec du « processus de paix » initié par les accords d'Oslo, il y a maintenant douze ans.