Prix public : 25,00 €
Qui se souvient de Jean Cassou, Claude Farrère, Georges Limbour? Qui a lu les nouvelles de Blaise Cendrars, Albert Cohen, Jean Schlumberger? Le premier vingtième siècle, en ce qui concerne la nouvelle, est une période injustement oubliée par la critique littéraire, qui la perçoit comme une transition un peu atone, un peu molle entre Maupassant et le renouveau des années cinquante. Et pourtant! Même si beaucoup d'écrivains se contentent de reprendre des recettes éprouvées, la nouvelle, dans l'ombre du roman, cherche sa voie, ses voix, tente de prendre ses distances avec l'encombrante tradition du siècle précédent. D'abord en quête d’une inspiration différente, les auteurs proposent aussi d’autres manières de raconter et la nouvelle, du fait peut-être de sa faible visibilité dans l’espace libraire, entre journaux, revues ou recueils, de son statut générique également mal défini, se fait propice à de multiples expérimentations, du monologue intérieur aux plus déconcertantes variations énonciatives. Raconte-t-elle encore une histoire? Peut-on encore parler de récit? Comment la situer ? Restreignant la durée et la trame événementielle, multipliant les ellipses, estompant les frontières entre rêve et réalité, la nouvelle dans la première moitié du vingtième siècle se révèle être ainsi une formidable machine à semer le doute, à déstabiliser le lecteur, toutes vertus éminemment modernes de la création littéraire.