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Peut-on, en même temps, être ecclésiastique prêchant l’amour du prochain et général menant une armée au carnage des batailles ?Peut-on briguer l’Académie française avec l’idée de ne jamais la fréquenter ?Peut-on souhaiter l’égalité entre les hommes et se revendiquer d’une élite ?Peut-on se vouloir fils des lumières et cultiver la pénombre des huis-clos ?Certains hommes aiment le paradoxe, en font un style de vie. Ils sont rares. Rien ne dit que le comte de Clermont l’ait volontairement recherché. Ne s’est-il pas simplement laissé porter par sa nature, son milieu ?Issu de sang royal, il vit dans un siècle où la fortune et la proximité du pouvoir confèrent une grande impunité et autorisent alors les outrances. Mais d’autres sont comme lui, de même naissance, de même lignage, et ils sont plus calmes, plus cohérents, du moins en apparence.Un signe ne trompe pas. Jusqu’à présent, Clermont a rebuté tous les historiens. Pas un livre sur lui dans les bibliothèques, à l’exception d’une étude de Jules Cousin qui avoue modestement s’être limité à une « mosaïque biographique ». Même les francs-maçons, dont il fut le grand maître pendant vingt-huit années, de 1743 à 1771, hésitent à publier des notices conséquentes dans leurs dictionnaires ou encyclopédies.Le personnage est embarrassant, voire encombrant. Dans la galerie des portraits, il occupe un espace qu’on voudrait libérer pour un autre.