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Nantes, la ville, sa forme ou le sentiment qu’elle en donne… Une citadine familière des lieux nous incite à glisser notre main sur ce tuffeau des murs, « Une tendresse nous vient pour cette pierre de fleuve dont est bâtie la ville », à capter dans Les Anneaux de Buren sa matière fluide, vents et remous de marée. Au fil de sa rêverie, la passante dérive, de «la Fabrique des sourds où l’on martelait les tôles de la dure nécessité » aux vestiges du passé négrier ou à la beauté du pont Éric Tabarly, « superbement libre comme la mer ». Dans ce décor vibrant de présences, instants de ville, impressions d’hier et d’aujourd’hui se mêlent. Un poème de Cocteau, un tableau du port par William Turner, un air de musicien des rues, une gravure de Rodolphe Bresdin, un air de Bashung dans une friche industrielle. Point n’est besoin d’être nantais pour entrer dans ce rêve d’une ville. « Le quai aux maisons qui penchent : devant les hôtels négriers du Quai de la Fosse, c’est toujours le regard des premières années. Par le charme d’un bon génie, les immeubles font la nique à la pesanteur. Délicieuse terreur d’enfance de voir le monde s’écrouler. Mais non, l’ange de l’apesanteur leur accorde un suspens magique. Ils se moquent des marais sur lesquels on les a construits. La vie, semblent-ils dire, va souvent de guingois. »