Prix public : 10,00 €
A sa sortie de l'école des Beaux-Arts, le peintre Laurent Marissal est engagé comme gardien au Musée Gustave Moreau. Les mains attachées par les circonstances – un travail alimentaire occupant tout son temps – il a dû reprendre la peinture en dessous de zéro, et peindre sans peinture. Par des actions picturales clandestines il détourne son temps de travail aliéné pour en faire un temps désaliéné. Ses actions picturales s'apparentent à la reprise individuelle des anarchistes (vol), à la résistance (sabotage, perruque, activisme), à l'art (Dada, Fluxus, l'art conceptuel). Par exemple, il retourne sa chaise de gardien (geste inaugurale), tourne le dos au public, regarde les tableaux, lit au lieu de surveiller, dessine, arrive en retard, se programme des siestes, déplace des objets exposés, joue aux échecs, met le doigt dans la peinture fraîche du musée en rénovation, organise des expositions clandestines... Autant d'actions qui se déploient dans l'espace du musée, non visible non caché, à l'insu de l'administration et du public. Pour amplifier son geste, il crée une section syndicale. Il remet en cause les conditions de travail, provoque la première grève du musée depuis sa création, organise une manifestation. Enfin, il obtient la réduction du temps de travail et l'agrandissement de l'espace de repos des gardiens, puis démissionne après les travaux.