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L'antiquité gréco-romaine a voulu mettre en harmonie les outils de la vie quotidienne et le bon fonctionnement du corps humain : les réflexions d'Hippocrate sur l'art urbain aboutissent de la sorte à des seuils de rationalité pour le peuplement des villes. Au Moyen Âge, une police des ressources apparaît dans les différentes communautés : les municipalités urbaines militent pour la pureté des eaux, tandis que les collectivités montagnardes s'approprient des territoires où toutes les subsistances coutumières sont disponibles. Avec l'élan démographique des époques modernes et contemporaines, la manière de penser le cadre vie est globalisée : les pestes du XVIIe siècle, les disettes régionales du XVIIIe siècle, le choléra du XIXe siècle, tous ces fléaux poussent à la médicalisation étatique de la vie matérielle, qu'il s'agisse de la nourriture, de l'hygiène ou des remèdes. D'ailleurs, dans la France de 1900, le corps médical est devenu un récepteur de considération politique. En montrant comment la prévention du malheur est progressivement devenue une affaire d'État, après avoir nourri les morales communautaires, le présent volume analyse les discours qui ont pris une option sur l'organisation du quotidien. Il les examine à travers leurs origines, leurs évolutions, leurs contradictions et leurs réalisations.