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Jean-Michel Lardry, kinésithérapeute de formation et expert auprès de la Haute Autorité de Santé, était sans doute le mieux placé pour rédiger cet ouvrage qui donne une vue d’ensemble sur le problème de l’ostéopathie et des différents intervenants qui s’y rattachent ou qui s’en réclament.<br><br>Après un bref historique, il nous expose les grands principes et les différentes formes qui interviennent dans cette discipline : ostéopathie articulaire, ostéopathie viscérale, ostéopathie crânio-sacrée. Puis il nous fait revivre, textes à l’appui, la saga de l’officialisation de la pratique ostéopathique en France.<br><br>La loi du 4 mars 2002 est un texte qui officialise l’exercice de l’ostéopathie et de la chiropraxie. Le problème est que cette pratique est revendiquée par trois types de professionnels : les médecins, les kinésithérapeutes et ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre, et que Jean-Michel Lardry appelle les ostéopathes « ni-ni ». C’est certainement la partie la plus passionnante de l’ouvrage, celle où l’on voit ces différents intervenants se déchirer pour conserver ou revendiquer cette pratique à leur usage exclusif.<br><br>On l’aura compris, il s’agit d’un ouvrage plus sociologique que scientifique. D’ailleurs le problème de l’efficacité de l’ostéopathie n’est pas vraiment approfondi, même si l’essentiel est dit : « À l’heure actuelle aucune preuve d’efficacité de l’ostéopathie n’a été rapportée, ni par rapport aux manipulations articulaires, ni par rapport aux techniques crânio-sacrées, ni par rapport aux techniques relatives à l’ostéopathie viscérale ».<br><br>L’ouvrage se termine en indiquant que, « au lieu de clarifier, le législateur a, indirectement, apporté la confusion », « À vouloir contenter tout le monde le gouvernement a au moins réussi une chose : ne contenter personne », et l’auteur lance quelques pistes sur ce que pourrait être l’avenir de l’ostéopathie dans le paysage médical. Les ostéopathes « ni-ni » pourraient chercher à obtenir un statut particulier, différent de celui des professionnels de santé et demander à obtenir l’exclusivité de leur pratique professionnelle. Ils seraient alors en concurrence directe avec les médecins et les kinésithérapeutes. Il se peut aussi qu’ils préfèrent redevenir des soignants « non officiels », comme le sont les rebouteux, les radiesthésistes ou les magnétiseurs, afin de ne pas perdre la substance « extraordinaire » qui s’attache aux médecines non conventionnelles.<br><br>Note de lecture de Jean Brissonnet publiée dans la revue "Science et pseudo-sciences" n° 299, janvier 2012 et mise en ligne le 7 août 2012 sur le site de l'association française pour l'information scientifique www.afis.org