Prix public : 11,00 €
« La démarche scientifique ne peut commencer que par un scepticisme initial sur les faits. On ne doute pas par refus de croire, mais par désir de savoir. On doute pour pouvoir faire la différence entre ce qu’on voudrait qui soit vrai et ce qui est effectivement vrai. On doute parce qu’on sait que tout n’est pas possible. Sans un minimum de doute, on ne peut pas espérer trouver la vérité, ni avec la science, ni autrement » (p. 54).<br><br>Cyrille Barrette nous en avertit dès le début : il nous livre dans cet ouvrage des réflexions personnelles, « pour alimenter [notre] réflexion et la [sienne] sur ce qu’est la science » (p. 7). Ici, pas de démonstrations, de références ni de preuves, simplement le fruit passionnant de ce qu’une vie de chercheur 1 et de vulgarisateur 2 a pu apporter à sa vision de la science.<br><br>Les premières considérations, sur la vérité, montrent immédiatement la pertinence de la démarche, et combien chacun pourra lire avec profit ces réflexions. L’auteur effectue notamment une mise en perspective de cette notion en politique, dans la fiction, la religion ou encore le droit, qui sont autant de façons (fort différentes !) de concevoir la vérité.<br><br>Le livre enchaîne ensuite d’autres observations tout aussi intéressantes. Par exemple, C. Barrette analyse avec subtilité l’attitude tout à fait incohérente de l’Église face aux miracles, indiquant d’ailleurs au passage qu’ils sont une illustration idéale des rapports « science/religion » : « Pourquoi sont-ils toujours à la limite de nos capacités de détection ? [...] Le miracle évident aux yeux des plus sceptiques rendrait inutile la foi puisqu’il permettrait de savoir que Dieu existe et qu’il a écouté nos prières » (p. 44, c’est moi qui souligne le mot important).<br><br>Partant de quelques postulats qu’il faut poser pour que la science soit tout simplement possible (le monde existe, par exemple…), l’auteur fait en quelque sorte le tour de la science, et développe au fil des chapitres un « credo » de la science, les « missions » de la science, ou encore de passionnantes réflexions sur le doute et son bon usage (voir exergue). L’auteur pose aussi avec clarté les limites de la science, mais convainc quand il réfute une critique souvent entendue : la science « désenchanterait » le monde… Tant mieux, dit-il ! Elle nous « débarrasse des enchantements, des sortilèges et sorcelleries, des magies noires ou blanches. Mais elle le ré-enchante de plus belle et plus que jamais avec ses découvertes franchement éblouissantes » (p. 51).<br><br>J’aurais très envie de conclure cette note par la dernière phrase du livre, aussi juste que surprenante, mais je m’en abstiens, ne serait-ce que pour vous donner envie de la découvrir vous-mêmes, après avoir dévoré cet excellent opus !<br><br>Note de lecture de Martin Brunschwig mise en ligne le 26 décembre 2014 sur le site de l'association française pour l'information scientifique www.afis.org