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Les nouvelles formes du malaise contemporain dévoilent une perte globale du sens, en ces lieux où la jouissance du pire signe la force d’une pulsion de cruauté qui se déchaîne partout où il est possible d’exercer son pouvoir de négation de l’humain. L’ivresse du pire désigne cette surenchère sans frein à repousser toujours plus la limite, à gagner dans le progrès de l’horreur, en s’engageant dans la spirale de la destruction et de l’auto-destruction, à s’abolir tout en « zappant les autres ». À partir de la clinique actuelle et la haine du sujet dont celle-ci témoigne, il s’agit ici de rappeler en quoi l’ombre des catastrophes totalitaires du xxe siècle est tombée sur le moi individuel comme sur les conditions collectives faites aujourd’hui à la vie psychique de l’ensemble humain. Dans un environnement dominé par la virtualisation de l’autre, quand il s’agit de déformer la perception de la réalité pour la rendre encore supportable, demeure-t-il un reste indestructible de l’homme dans l’homme qui puisse résister à ce « rien de pire » ? Ghyslain Lévy est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe.