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Le concept d'avant-garde semble bien avoir disparu aujourd'hui de notre horizon intellectuel. Mais son effacement de la scène contemporaine n'est pas sans avoir laissé des traces qui sont comme autant de signes dispersés d'une liberté toujours à conquérir, d'un futur toujours à imaginer. Si le modernisme (Proust, Joyce, Eliot, Musil) a défendu une esthétique fondée sur le principe de l'autonomie de l'art, les avant-gardes historiques des années 1920-1930, en revanche, ont voulu réconcilier l'art et la vie au prix de cette autonomie. Si les deux projets semblent s'exclure, la coupure est en réalité moins nette qu'elle n'apparaît en théorie. Entre les principes affichés par les manifestes et la praxis créatrice s'est creusée une distance où s'est joué le destin de la littérature et de l'art du 20e siècle. Il appartient sans doute aux "oublié(e)s", figures sorties de l'ombre, de jeter à contre-jour une lumière décapante sur l'histoire des avant-gardes, leurs enjeux et contradictions.