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Le désenchantement du monde provoqué par l’explication rationnelle de l’univers apporta comme conséquence la réaction de ceux qui, éprouvant de la nostalgie pour un imaginaire paradis perdu, s’arrogèrent la mission d’un nouvel enchantement. Face au grandiose projet des Lumières de remplacer la religion par la philosophie et par la science, les romantiques, puis leurs épigones, se proposèrent un idéal non moins transcendant : remplacer la philosophie et la science non par la religion stricto sensu, mais par la religion de l’art ou la poésie.Ces mouvements irrationnalistes, aussi hétérogènes et confus qu’ils soient, avaient pourtant un trait essentiel en commun : leur hostilité à la société industrielle et la nostalgie d’un imaginaire paradis perdu du monde prémoderne. Ils ont constitué une tradition dont allait se nourrir le prétendu art « moderne », lequel, d’une façon contradictoire et paradoxale, représente également une attaque en règle contre la modernité.