Prix public : 18,00 €
« Avez-vous remarqué ce qui se joue à travers le cheveu, dans les familles antillaises ? Bien des espoirs d'ascension sociale passant par la dénégrification sont placés dans la texture des boucles enfantines. » Micaela « Parmi les raisons immédiates qui expliquent que les filles aspiraient tellement à avoir les cheveux lisses, figure l'attitude des garçons de l'époque, qui étaient d'une méchanceté sans limite. Ils n'hésitaient pas à vous traiter de tet prèv, zéro et zéro je retiens un, tet jex, lorsque vous aviez les cheveux crépus. Cependant lorsque nous les défrisions, ils s'amusaient à nos dépends en nous traitant de kas an fè, de chivé fri ou aérodrome ravet', autant d'insultes, expression d'un mépris et d'un dénigrement qui faisaient leur chemin dans nos cerveaux d'adolescentes, et nous conduisaient inéluctablement vers le rejet de nous-mêmes, de tous nos attributs négroïdes sur lesquels nous apprenions, au quotidien, à poser un regard négatif. L'attitude stigmatisante des garçons à notre égard était responsable du conflit intérieur qui déchirait les jeunes filles que nous étions. » Milka « Après analyse de mon parcours, il m'apparaît qu'aimer son cheveu n'est pas un acte spontané, mais un apprentissage. » Aline « J'ai découvert que ce n'était pas une décision simplement cosmétique, mais un acte politique, que de sortir de la spirale du défrisage. » Micaela « Juliette Sméralda attire l'attention sur les conséquences pernicieuses de la consommation, par les petites filles noires, d'objets ludiques telles les poupées occidentales aux cheveux blonds, aux yeux bleus et à la peau blanche. Les petites filles noires « finissent, selon elle, par s'identifier à ces objets ethniques, à force de les coiffer - geste par lequel elles s'habituent à la texture et à la couleur du cheveu lisse et long -, alors qu'elles ne bénéficient d'aucune expérience parallèle, qui les habituerait à la manipulation de la texture de leurs propres cheveux crépus ou frisés ». Yves