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Les « Nouvelles en trois lignes » sont des récits de faits divers publiés par le quotidien Le Matin (1884-1944) page 3, en « Dernière Heure ». Elles paraissent presque tous les jours, leur nombre est variable, elles ne sont pas signées. Félix Fénéon fait une brève apparition au Matin, dit-on, entre avril et décembre 1906. On le cite une première fois, le 28 avril. Le brigadier colonial Hory est en partie joyeuse dans un quartier mal famé de Toulon. Le premier recueil des 1210 Nouvelles attribuées à Félix Fénéon fut établi par Jean Paulhan dans le volume des OEuvres en 1948 (Nrf). Elaboré du vivant de F. F., le livre sera publié quatre ans après sa mort. Sa préparation fit l’objet de plusieurs échanges de lettres entre les deux, souvent énigmatiques, portant assez peu sur les Nouvelles. C'est de cette édition que vont s'inspirer toutes les suivantes, dont la nôtre en 2009. Pour préparer cet ouvrage, on va cette fois consulter le Matin : les microfilms à la Bnf, d'une part, le site Gallica d'autre part. La page « Dernière Heure », qui devait sans doute connaître plusieurs tirages quotidiens, est souvent différente d'une source à l'autre. On en profite également pour accomplir diverses tâches et faire quelques recoupements. On lit, par exemple, le 24/05/1906, que M. Félix Dénoyer, de Villeneuve-Saint-Denis, qui jouait au billard, s’est crevé l’oeil gauche en tombant sur sa queue. Il ne s'agit donc pas de M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jusque-là apparaissait dans tous les ouvrages édités. Un nom est remplacé par un autre, pas n'importe lequel : Abel Bonnard, ministre de l'éducation nationale dans le gouvernement de Vichy, né à Poitiers en 1883 et mort en exil à Madrid le 31 mai 1968. On tombe de haut. On remonte aussi quelques perles, jamais publiées depuis leur parution dans le Matin. Ce présent volume s'enrichit alors de 400 nouvelles nouvelles, fénéonesques ou fénéolâtres mais anonymes, qui viennent encore « répandre quelques fleurs d'éloquence ». Dans ces dernières nouvelles de F. F. & co, on est excédé de chagrins intimes ; on sort d'une musette ; on a des émois d'assises . L'épouse est soupçonneuse, l'amant volage, l'ivrogne folâtre, le pâtissier sentimental. On y voit des voleurs à l'esbroufe, un cheval ombrageux, un polygame escroc, un solitaire morose, des cambrioleurs imberbes. La théologie détraque, la vie fatigue. La suette picarde sévit, on tarabuste un chien, on effarouche une religieuse. La bande des « lapins noirs » appauvrit les étalages. On croit à la fumisterie habituelle. Subtils, les gendarmes enquêtent. On y croise Mlle Poignet, couturière à Bécon, un repris de justice nommé Quignon, le garde républicain Dindin, Bec-de-gaz, le wattman Saligot, l'évasif amant Ponton, M. la Cuite et Mlle Nénesse, une vermicellière et une pantalonière niçoises, et Rose – Rose Opportune. Des anecdotes, des jacasseries. à coup sûr rien d'essentiel. (F. F., 13/3/1942).