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<p>Ce qui attire les poèmes de Pincas dans le concept de frontière est
précisément cette finesse, cette ténuité, cette fugacité aussi,
qui constituent en vérité la moelle du temps, sa substance
si peu perceptible, quasiment invisible. Et le temps, qui
est le moteur et l’écrin de la condition humaine, doit être
capturé pour que naisse le chant lyrique. Seul son courant
permet à la barque de la poésie de naviguer. « Passent les
jours, et passent les semaines… » Sans le sens du temps, la
sensibilité à sa matière, le souvenir, comme objet et comme
acte, ce « regret du bonheur perdu », cette « mélancolie du
départ », pour reprendre les termes de Jankélévitch au sujet
de La Cerisaie de Tchekhov, ne saurait être. Et le souvenir</p> <p>est au poète une alma mater, un phare dans la nuit du néant
qu’il sonde si bien.</p> « Aucun lieu n’est plus prégnant que la frontière. Et c’est un
mot sur lequel Pincas insiste : « La frontière entre la tristesse et la
joie est très mince. » « La frontière de la mémoire s’étend loin et
jusqu’au bout de l’espace des gens que nous avons aimés. »
Ce qui attire le poème dans le concept de frontière est précisément
cette finesse, cette ténuité, cette fugacité aussi qui constituent en
vérité la moelle du temps, sa substance si peu perceptible, sinon
invisible. Et le temps, qui est le moteur et l’écrin de la condition humaine,
doit être capturé pour que naisse le chant lyrique. Seul son
courant permet à la barque de la poésie de naviguer. « Passent les
jours, et passent les semaines… » Sans le sens du temps, la sensibilité
à sa matière, le souvenir, comme objet et comme acte, ce « regret
du bonheur perdu », cette « mélancolie du départ », pour reprendre
les termes de Jankélévitch au sujet de La Cerisaie de Tchekhov, ne
saurait être. Et le souvenir est au poète une alma mater, un phare
dans la nuit du néant qu’il sonde si bien… »
Emmanuel Moses